Dans cet article publié sur le site CAIRN.INFO, Antoine Vaccaro, président du CerPhi, retrace l’évolution récente de la philanthropie, de l’émergence du marketing social en France dans les années 70, concernant une multitude de donateurs issus notamment de la classe moyenne, vers une philanthropie de plus en plus entre les mains de quelques donateurs milliardaires, sorte de despotes éclairés choisissant les causes qu’ils souhaitent soutenir. Cette évolution se déroule dans un contexte d’inégalités grandissantes et d’une certaine incapacité de l’Etat-providence à redistribuer les richesses et à gérer les problèmes sociaux qui se posent.
Résumé :
À la suite des États-Unis, où le don a été façonné par les milliardaires comme produit financier de rêve et acte de satisfaction morale, les classes moyennes françaises donnent de plus en plus à des associations d’intérêt général. Le financement privé par le mécénat populaire connaît un véritable succès de marketing, que l’on peut qualifier de « marketing social ». Mais, parallèlement au développement du mouvement associatif, on assiste, depuis les années 90, à l’émergence de nouveaux samaritains, véritables despotes éclairés : les fondations. À côté des donateurs charitables de la société civile, le donateur philanthropique se positionne entre l’action de l’État-providence et les organismes paritaires chargés de porter l’intérêt général. Leur puissance leur permet de redéfinir cet intérêt général à leur profit. Le boum de la philanthropie est donc lié à une certaine incapacité de l’État-providence, grand redistributeur central, à étendre sa couverture à tous les citoyens, et surtout, aux causes lointaines. Un avenir radieux est donc promis à la philanthropie.
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