Cet article des Echos du 26 juin 2020, faisant référence à différents spécialistes et ouvrages publiés récemment sur la philanthropie des très grandes fortunes, fait le point sur le Giving Pledge, 10 ans après son lancement.
Cette initiative lancée en 2010 par Warren Buffett et les époux Gates avait pour objectif d’encourager les grandes fortunes du monde entier à s’engager à donner au moins 50% de leur fortune, de leur vivant ou à leur mort. Le bilan qui en est tiré aujourd’hui est mitigé.
Le Giving Pledge se voulait le point de départ d’une nouvelle ère de la philanthropie des très riches, après la crise des subprimes.
« Après la création de la fondation Gates en 2000, puis la décision de Warren Buffett de léguer une bonne partie de sa fortune à cette fondation, le lancement du Giving Pledge a marqué un troisième moment inaugural d’une nouvelle ère de philanthropes aussi puissants voire beaucoup plus que ceux de l’ère industrielle », souligne Antoine Vaccaro, le président du Cerphi, institut de recherche français sur la philanthropie.
10 ans après son lancement, le Giving Pledge compte 209 signataires (surtout des Américains, une vingtaine d’Européens mais aucun Français), soit près de 10% des milliardaires de la planète, pour une promesse de dons théorique de plus de 500 milliards de dollars. Il a certes fait parler de lui et fait des émules avec le Founders Pledge au Royaume-Uni ou Changer par le don en France mais le bilan en matière de dons est limité. Dans les faits, la part des dons des Américains (pour ce qui est cité dans l’article) n’aurait pas augmenté ces dernières années alors que les richesses continuent de croître.
Ces philanthropes fortunés sont par ailleurs critiqués pour les choix ciblés qu’ils font en matière de secteurs bénéficiaires, qui ne seraient pas forcément ceux qui auraient le plus besoin de financements. Leur influence grandissante, notamment dans les choix relevant du secteur sanitaire, est pointée du doigt.
« Que des personnes privées soient capables, comme Bill Gates, d’orienter la politique de santé du monde en interpellent certains », remarque Antoine Vaccaro. Difficile de critiquer le fondateur de Microsoft quand il met des millions sur la table pour éradiquer la rougeole dans le monde. Un peu plus quand il s’attaque à la polio, « un projet qui va coûter très cher, porteur de certains effets pervers et dont l’intérêt général reste à prouver », ajoute ce spécialiste de la levée de fonds.
Une évolution du Giving Pledge serait en cours de définition, notamment pour faire suite à la crise du COVID-19.
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Source : https://www.lesechos.fr/