Edito : L’impact du digital sur l’économie du don
Autant dire d’emblée que l’activité des organismes sans but lucratif, qui relève pour partie d’activités économiques ou plus simplement faisant appel aux mêmes outils de gestion que les entreprises, est et sera tout autant impactée par l’économie numérique.
Les fonctions achats, RH, finances, informatiques et les activités constituant l’objet même de ces organisations sont concernées. Si pour les organisations de recherche médicale et scientifique, ces mutations sont déjà une réalité, elles vont intervenir aussi dans les activités sanitaires et sociales, voire culturelles et d’éducation populaire.
Ces mutations sont dictées tant par la nécessité de dégager des gains de productivité, comme dans n’importe quel autre secteur, que pour résister à la venue dans le secteur Non Profit des acteurs de l’économie marchande : formation, accompagnement et assistance aux personnes vulnérables comme les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, l’enfance en danger, etc.
Mais c’est notamment dans le domaine de la recherche de fonds privés que la digitalisation risque d’avoir un impact notable.
Pourquoi ?
Nous sommes ici dans la partie la plus commerciale de l’activité des organismes sans but lucratif, ou ce qui ressemble à l’activité commerciale.
J’ai longuement écrit, et ceci depuis plusieurs décennies, sur le succès marketing des causes caritatives et leur capacité à avoir adapté la démarche marketing privée au Non Profit. Comme dans l’activité commerciale marchande, le digital bouscule les méthodes de collecte et la relation entre les donateurs et les organismes sans but lucratif qui les sollicitent.
Comme nous le constatons aujourd’hui, le secteur marchand connaît une révolution dans sa relation entre les marques ou les produits et le consommateur.
Le principal changement de paradigme touche à la méthode collaborative qui s’insinue dans la relation commerciale et qui se noue en dehors ou parallèlement à l’échange marchand classique producteurs=>distributeurs=>consommateurs.
Désormais nous assistons à des relations directes producteurs=> consommateurs, voire même de consommateurs=> consommateurs par un système de troc monétarisé par un tiers de confiance numérique.
Quelle forme prend cette révolution numérique dans le fundraising Non Profit ?
Nous sommes confrontés, pour l’heure, à un glissement plutôt qu’à une révolution. Les fonds privés mobilisés par la collecte digitale sont encore très minoritaires (mais comme était minoritaire le commerce digital, voici moins d’une décennie).
L’effet d’accélération se fera sentir immanquablement dès lors que seront réunies plusieurs conditions :
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TV connectée ou basculement d’un plus grand nombre de téléspectateurs vers les autres outils numériques : smartphones, tablettes, affiches publicitaires interactives…
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Dématérialisation du paiement par smartphone sans contact, en ligne, sur affiche publicitaire digitale…
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Rajeunissement et massification de la cible de petits donateurs,
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Internationalisation des micro-dons (dons transfrontaliers),
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Monétarisation plus systématique des actions menées par les membres de réseaux sociaux,
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« Matching gifts » généralisés par les marques, adossés à des opérations avec les communautés internet,
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Envahissement de notre quotidien par les objets connectés : tronc digital, robots quêteurs…
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Et toutes les autres formes de collectes non encore visibles.
Antoine Vaccaro, Président du CerPhi
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