Edito – Bienveillance et Gratitude
1. Réalisation d’une étude mutualisée sur la communication legs
2. La bienveillance en action : l’engagement philanthropique
3. Pourquoi donne-t-on ?
4. Rapport sur les dons en Suisse 2020
Edito – Bienveillance et Gratitude
Nous avons, pour un certain nombre d’entre nous, chercheurs et praticiens du secteur philanthropique, attribué à Marcel Mauss la théorisation, dans l’échange par le don, de l’obligation de donner, recevoir et rendre.
Impressionnés, moi le premier (1), par la démonstration de ce grand ethnologue en chambre (Mauss n’a jamais observé in situ les peuplades objets de ses travaux) dans l’Essai sur le don (2), repris et magnifié par Georges Bataille (3), qui inspirera tout un courant intellectuel que nous qualifierons de marxisme-écologique, nous n’avons pas saisi combien ce triptyque était déjà présent dans Les Bienfaits (4) de Sénèque.
Le philosophe développe en sept livres une analyse stoïcienne des notions d’éthique, de gratitude, d’ingratitude et de bienfait, et offre de nombreux conseils pour accorder, recevoir, et retourner convenablement les bienfaits.
Mais son propos est d’affirmer la nécessité de la gratitude et de la bienveillance, qui constituent pour lui les liens les plus puissants de la société humaine.
En cette période de pandémie et d’incroyable rupture que constitue une telle crise, dont notre société ne sortira probablement pas indemne, le besoin de gratitude et de bienveillance devient un impératif catégorique.
L’éprouvante année 2020 a été, de ce point de vue, une fantastique démonstration de la générosité des donateurs, qui n’ont pas ménagé leur engagement et ont largement soutenu les associations et fondations, qu’elles aient été directement impliquées dans la lutte contre le virus ou encore aux côtés des plus fragiles et précaires.
Le 15 mars 2021, le cahier central du journal La Croix titrait en « 2020 : une bulle de générosité sans précédent » (5). Bulle que je prédisais, dès le 18 mars 2020, dans un article de Défis Humanitaires (6), contre l’avis perplexe de quelques confrères.
Cette mobilisation illustre la force de l’obligation de donner, recevoir et rendre.
Puissante convocation, car contrairement à ce qu’on pourrait croire, le donateur n’est pas à l’initiative de cette trilogie. Il ne fait que rendre à ceux qui sont dans l’action, qui par leur geste, leur don, détiennent une sorte de créance à son égard.
Cette générosité est l’expression de la gratitude de la population qui remercie l’abnégation des soignants, des chercheurs et des volontaires des associations humanitaires qui agissent au service du bien commun.
Antoine Vaccaro,
Président du CerPhi
(1) Vaccaro A. (1985). La bataille pour la générosité, Thèse de 3ème cycle, Paris Dauphine.
(2) Mauss M. (1925). Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques. L’année sociologique, nouvelle série, 1, 1925.
(3) Bataille, G. (1949). La part maudite: essai d’économie générale (Vol. 2). Éditions de Minuit.
(4) Les Bienfaits, trad. F. Préchac, revue par P. Veyne, in Sénèque, Entretiens – Lettres à Lucilius, P. Veyne (éd.), Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1993, p. 405-586.
(5) https://www.la-croix.com/Economie/Dons-bulle-generosite-2020-2021-03-14-1201145513
(6) https://defishumanitaires.com/2020/03/18/coronavirus-crise-economique-et-philanthropie-le-dernier-cygne-noir/
Réalisation d’une étude mutualisée sur la communication legs
Le CerPhi, en partenariat avec Force For Good, a réalisé en ce début d’année 2021 une étude qualitative inédite et mutualisée « Legs, donations, assurance-vie – Comment sont perçus les messages médias et comment les rendre plus efficaces ? ».
Portant sur un corpus d’une vingtaine d’annonces presse de marques emblématiques en matière de collecte de legs, issues de quatre grands secteurs, l’étude avait pour objectif d’éclairer la perception de ces messages par le grand public et d’apporter des éléments de réponse à la question : Comment optimiser leur efficacité ?
Les résultats ont été publiés le 11 mars dernier.
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La bienveillance en action : l’engagement philanthropique
Dans cet article publié dans « Les cahiers de la bienveillance » de décembre 2020 (The Alchemists), Antoine Vaccaro, président du CerPhi, revient sur la vague de générosité qui a accompagné la crise sanitaire de la Covid-19.
Pourquoi donne-t-on ?
Dans un article publié le 5 novembre 2020 et intitulé « Pourquoi est-ce que je donne ? », la journaliste Arièle Bonte se demande pourquoi je fais un don à tel moment et pas à un autre, à telle personne et pas à une autre. Elle interroge Antoine Vaccaro, président du CerPhi.
Il est notamment question de « don fusionnel » et de « don sacrificiel ».
Rapport sur les dons en Suisse 2020
La deuxième édition du Rapport sur les dons en Suisse a été publiée en novembre 2020 par Swissfundraising et la Fondation Zewo.
Les dons en Suisse restent élevés puisqu’ils concernent huit ménages sur dix, pour une moyenne de 300 francs suisses par an à quatre organisations caritatives. Les premiers bénéficiaires de ces dons sont les personnes handicapées, les enfants et les jeunes.