Avec sa nouvelle promesse de don de 7,5 milliards de dollars, portant sa contribution philanthropique totale à 21 milliards de dollars, le milliardaire indien de l’informatique Azim Premji est devenu le plus grand philanthrope de son pays. En 2013, il avait été le premier milliardaire indien à signer le « Giving Pledge », l’initiative lancée par Bill Gates et Warren Buffet encourageant les riches du monde entier à s’engager à donner 50% de leur fortune.
M. Premji n’est pas le seul à faire preuve d’une grande générosité en Inde. Les milliardaires de l’informatique Nandan et Rohini Nilekani ont promis de donner 50% de leur fortune ; Kiran Mazumdar-Shaw, qui a fondé l’entreprise de biotechnologie Biocon, a quant à elle promis de donner 75% de sa fortune ; Tata Trusts a été la plus importante structure philanthropique indienne pendant des décennies. Et beaucoup d’autres familles financent des hôpitaux, des écoles, des cuisines communautaires, l’art et la recherche. Cependant en 2018, l’argent donné par M. Premji a compté pour 80% des dons des très riches Indiens (ceux donnant plus de 1,4 million de dollars par an).
La philanthropie indienne se développe, mais pas assez vite, d’après Deval Sanghavi, cofondateur de Dasra, une entreprise de conseil en philanthropie. La philanthropie privée en Inde a augmenté de 15% par an entre 2014 et 2018, selon le rapport de Dasra et Bain. En parallèle, ces cinq dernières années, le nombre d’ultra-riches a crû de 12% et devrait doubler d’ici 2020. Ce rapport estime qu’en comparaison du pourcentage de la valeur nette donné aux Etats-Unis, les riches Indiens pourraient donner de 5 à 8 milliards de dollars de plus chaque année. Même si les chiffres de la générosité en Inde sont sans doute incomplets du fait d’un traçage compliqué et d’une volonté pour certains donateurs de rester anonymes, le sentiment prégnant est que l’Inde pourrait faire beaucoup mieux.
Alors qu’est-ce qui freine les très riches Indiens dans leur générosité ?
Pour Ingrid Srinath, directrice du « Centre for Social Impact and Philanthropy » à l’Université Ashoka de Delhi, ce serait d’abord la peur de devoir payer des taxes supplémentaires. Par ailleurs, il n’y a que peu d’incitations fiscales au don en Inde. Et beaucoup de fortunes indiennes n’existent que depuis une génération seulement, ce qui expliquerait une frilosité à se séparer d’une partie pour l’instant.
Comment l’engagement philanthropique des très riches Indiens pourrait s’améliorer ?
Si on distingue la charité de la philanthropie, les riches Indiens contribuent plus à la charité (donner pour des actions ayant un impact à court terme) qu’à la philanthropie (donner pour des projets ayant un impact sur le plus long terme). Or, il serait nécessaire qu’il y ait davantage de philanthropes.
Il serait également souhaitable qu’ils acceptent de donner sans spécifier expressément comment doit être utilisé l’argent afin de diversifier les secteurs recevant des fonds et ne pas se concentrer presque uniquement sur un seul domaine, comme l’éducation par exemple, qui a longtemps eu la priorité.
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Source : https://www.bbc.com/